La médiation animale avec un chat, c’est possible !

La médiation animale est une pratique encore méconnue. Et pourtant, elle présente de nombreux bienfaits pour les personnes en difficulté ! Rédigé par une comportementaliste félin et une intervenante en médiation animale, cet article répondra à toutes vos interrogations ! À quoi correspond réellement la médiation animale ? Quels en sont les objectifs ? À qui est-elle destinée ? Quels animaux peuvent y participer ? Qu’en est-il du cas du chat ? Comment devenir médiateur animal ? Après lecture de cet article, vous serez incollable sur le sujet, bonne lecture !
Un grand merci à Héloïse Quer pour sa participation à la rédaction de cet article. Psychomotricienne et intervenante en médiation animale avec son chat. Vous retrouverez son interview en fin d’article.
Toutes les photos ici présentes sont celles de son partenaire d’activité : son magnifique Maine Coon nommé Moshi.
Concrètement, qu’est-ce que la médiation animale ?
La médiation animale est une activité thérapeutique au cours de laquelle un animal intervient. Son rôle y est très important. Ces interventions peuvent prendre diverses formes, auprès de publics totalement différents. Nous y reviendrons plus loin dans cet article.
Quels sont les objectifs et les bienfaits de la médiation animale ?
L’objectif de la médiation animale est d’aider les personnes en difficultés à se sentir mieux psychologiquement, et même physiquement dans certains cas.
La présence d’un animal est apaisante et ses bienfaits sont nombreux :
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C’est un partenaire en qui l’on peut avoir confiance : on peut tout lui confier et il ne juge jamais en retour ;
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Le niveau d’anxiété diminue en présence de l’animal ;
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Prendre soin d’un animal est également une façon de reprendre confiance en soi et en ses capacités, de s’investir et de se sentir utile, à sa place ;
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C’est également positif au niveau de la santé : on observe une baisse de la tenson artérielle et du rythme du cœur ;
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Les échanges avec un l’animal sont des interactions à part entière : c’est très intéressant dans le cas des enfants porteurs de TSA (= Trouble du spectre de l’autisme), pour qui ça n’est pas inné. C’est également l’occasion de vivre une relation avec l’autre de façon constructive et sereine ;
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La médiation animale favorise la réflexion intellectuelle, notamment lors d’activités proposées aux personnes atteintes cognitivement (par la maladie d’Alzheimer par exemple) ;
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Elle permet aussi l’apprentissage de la douceur : si les gestes sont trop brusques et/ou qu’il y a trop de bruit, cela va faire fuir l’animal, ce que personne ne souhaite !
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Sa présence apporte de la douceur et de l’apaisement à l’atmosphère. Et l’on sait qu’un cadre de travail détendu favorise les apprentissages ;
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Chez les personnes âgées, le côté sensoriel de l’animal peut activer la mémoire ! J’étais très étonnée en apprenant cela.
Je pense que vous en êtes maintenant autant convaincu que moi : la médiation animale présente de grands bienfaits !

À quel public peut être destinée la médiation animale ?
Elle peut être bénéfique à différents types de public, dont voici les principaux :
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Les personnes âgées dans les maisons de retraite et les EHPAD ;
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Les enfants (et même adultes !) porteurs de TSA ;
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Les personnes malades et/ou ayant un handicap ou une déficience intellectuelle ;
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Les personnes incarcérées.
Quels animaux pour pratiquer la médiation animale ?
Le chien est l’animal le plus utilisé.
Mais d’autres espèces sont également possibles… et le chat en fait partie, tout comme les NAC (= Nouveaux animaux de compagnie) et les chevaux.
Quid du bien-être animal dans le cadre de cette pratique ?
S’assurer du bien-être de l’animal est essentiel. Plusieurs choses sont importantes :
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Un suivi vétérinaire régulier (comme pour TOUS les animaux) ;
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Le respect de leurs véritables besoins liés à leur espèce ;
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Ne pas les forcer ;
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Aménager l’espace pour répondre à leurs besoins ;
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Respecter leur sommeil ;
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Faire des pauses et ne pas pratiquer tous les jours.
Pour une médiation animale réussie, le bien-être de tous les intervenants est essentiel :
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L’animal ;
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Le patient ;
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Mais aussi le thérapeute !
Si ce dernier ne se sent pas bien, il ne pourra pas mener à bien ses interventions.
Le chat dans le cadre de la médiation animale
C’est tout à fait possible de faire intervenir un chat dans le cadre d’une zoothérapie. Mais le choix du petit félin est particulièrement important. C’est évident que l’on ne va pas faire intervenir un chat très craintif, par exemple.
Le chat thérapeute doit :
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Être bien familiarisé à l’être humain et apprécier sa présence ;
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Avoir une bonne capacité d’adaptation.
Connaître les vrais besoins du chat et lui proposer de bonnes conditions d’exercice pour y répondre sont absolument indispensables.
Qui peut devenir intervenant en médiation animale ?
D’un point de vue légal, seul l’ACACED (= Attestation de connaissances pour les animaux de compagnie d’espèces domestiques) est obligatoire pour devenir intervenant en médiation animale. Or, comme pour le métier de comportementaliste félin, c’est totalement insuffisant.
Suivre une formation spécialisée dans le domaine est nécessaire pour une pratique réussie et respectueuse des besoins de l’animal.
L’intervenant en médiation animale doit :
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Être empathique, à l’écoute, doux et attentif ;
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Connaître parfaitement l’espèce de son animal partenaire afin de lui proposer des conditions d’exercice totalement adaptées à ses besoins.

Interview d’Héloïse, psychomotricienne et intervenante en médiation animale avec son chat
Bonjour Héloïse, peux-tu te présenter ?
Après reconversion, j’ai été attirée par la psychomotricité avec l’envie d’accompagner des enfants en situation de handicap. Au fil des découvertes en stage lors de mes études, j’ai finalement adoré le libéral, où la population est très variée, chaque enfant, chaque suivi unique. J’ai ouvert mon cabinet en janvier à Genas, à côté de Lyon. L’objectif est d’accompagner les patients (et leur famille) dans leur développement, que ce soit moteur, émotionnel, relationnel ou cognitif, d’apprendre à se connaître et s’accepter tel qu’on est sans jugement.
D’où t’est venue l’idée de te tourner vers la médiation animale ?
J’ai toujours adoré les animaux mais je n’avais jamais pensé à la médiation animale en soin. Puis, un jour, j’ai eu l’idée grâce a ma mère qui m’a envoyé une vidéo d’une enfant avec un TSA (= Trouble du spectre autistique) qui avait créé un lien fort avec son Maine Coon et l’aidait à sortir de sa bulle et même affronter ses peurs (par exemple, aller dans la piscine). Tout est parti de là, je me suis dit : pourquoi pas amener mon chat en séance ?
Une fois l’idée en tête, très motivée et attirée par le projet, j’ai contacté l’élevage de Maine Coon Maceo’s Gônes pour m’aider à choisir le chaton selon son caractère. Ce n’était pas facile : ils étaient tous si chous.
J’ai ensuite préparé mon chat Moshi progressivement tout en me formant à distance par l’association AZCO, fondée par une psychomotricienne.
Il a fallu le sociabiliser Moshi, l’habituer aux trajets, à la voiture, au harnais, à la laisse, aux enfants et même à d’autres animaux ! Heureusement que Moshi est si curieux, ça a beaucoup aidé !
Peux-tu nous présenter ton partenaire Moshi ?
Moshi, Maine coon, de 8,3 kg, né le 8/02/2023 même date de naissance que moi (smiley). Depuis petit, il aime s’occuper des chatons plus petits que lui. Il est très joueur et a plein de copains chiens. Malheureusement moins avec les chats qui ont peur de lui, mais il reste patient à les regarder.
Il se balade partout avec nous (train, voyage, chez les copains), très vite à l’aise, et fait craquer tout le monde.
Pas très adroit mais il progresse et tombe un peu moins qu’avant ! On l’entend bien quand il court dans les escaliers en furie ! Il a ses temps de folie aussi mais ça rend pas pareil avec un grand chat. (smiley)
Ses jeux favoris : se cacher, nous sauter dessus et attaquer sa peluche panda ! Il balade aussi partout sa peluche renard en la transportant dans sa bouche!
Il comprend son prénom, reviens du jardin, le Non, pas bouger et tape dans la main !
Pourquoi avoir choisi un chat et pas un autre animal ?
La médiation animale en ferme, équithérapie ou avec des chiens est plus connue, mais j’en entends beaucoup moins parler avec un chat. C’est vrai que ça demande beaucoup de préparation et d’investissement ! Mais le chat est connu pour être un thérapeute, apaisant et réconfortant, je me suis dit qu’il serait le collègue idéal. Son côté indépendant permet également d’apprendre à faire attention, respecter les limites et se canaliser : gestes et paroles douces en séances pour ne pas effrayer Moshi, surtout quand il dort.
Quelles sont les qualités de Moshi faisant de lui un bon chat thérapeute ?
Sa curiosité et son côté joueur. Selon sa disponibilité, il lui arrive de regarder ce que l’enfant fait ou de jouer avec, ou juste se poser à côté.
Moshi n’est pas très câlin mais sociable, il reste souvent juste à côté. Son gabarit impressionne beaucoup aussi (et sa beauté). Beaucoup de patients sont fiers de connaître Moshi ou ont l’impression d’être avec un lynx.
À quelle fréquence est-il présent dans ton cabinet ?
Il est présent un jour sur deux au cabinet : soit le lundi, le mercredi et le vendredi, soit le mardi et le jeudi.
Il est de plus en plus endurant et a la compagnie du chien de ma collègue au cabinet aussi, avec qui ça se passe très bien !
Les enfants font une séance sur 2 avec Moshi en général !
Comment se déroule une séance de médiation animale ?
Moshi étant une « médiation vivante », il n’est pas toujours disponible et cela peut dépendre des horaires, des jours ou affinités avec l’enfant. Je m’adapte à chaque besoin de l’enfant.
Parfois, c’est un temps de retrouvailles avec Moshi en début de séance ou sinon le temps avec Moshi après des exercices comme une récompense. Pour les temps avec Moshi, s’il est disponible, je propose souvent une carte responsabilité à choisir (coiffeur, vétérinaire, marchand de bonbon, maître parcours…), je donne parfois un diplôme ou photo avec Moshi. S’il se repose, je leur fais lui dire bonjour en les mettant sur une chaise à sa hauteur, juste tendre leur main pour qu’il les sente, puis donner à la fin une croquette pour marquer l’au revoir s’il n’est pas en sommeil profond.
Quels bienfaits peux-tu directement observer sur tes patients ?
Le plaisir et la motivation à venir en séance sont beaucoup plus présents ! Mais j’en ai vu aussi prendre confiance grâce à lui dans la relation, certains réussir à se canaliser et d’autres débloquer le langage : parler alors que d’habitude ils ne parlaient pas !
Les enfants s’attachent vite à Moshi et sont souvent fiers de pouvoir s’occuper de lui.
Y a-t-il une séance qui t’a particulièrement marquée ?
La séance qui a sorti la petite fille de son monde : elle pouvait me parler, me répondre et même dessiner un chat super bien alors que d’habitude, elle ne montrait rien, comme inhibée… C’est comme si la présence de Moshi lui redonnait vie, la rassurait et je rencontrais une toute autre petite fille 😍 ! Il y a en beaucoup pour qui sa présence rassure pour oser se séparer des parents, aller en séance et parler !

Quels aménagements matériels as-tu faits dans ton cabinet pour satisfaire tous les besoins félins de Moshi ?
Un grand arbre à chat pour se mettre en sécurité si besoin et se reposer sans être dérangé. L’eau et les croquettes sont en hauteur et la litière est tout en-dessous, il a accès à tout.
Il a d’autres coins repos dans la salle, et entre les séances (voire pendant), il peut sortir se balader dans le cabinet.
Il adore jouer dans le tunnel ou encore se poser sur le trampoline.
Fixes tu des règles au préalable avant chaque séance vis-à-vis de Moshi ? Si oui lesquelles ?
Si besoin, je répète les règles en début de séance, selon les patients. Je peux utiliser des pictogrammes, une peluche chat ou encore les cartes sur le comportement à avoir avec les chats créées par « Les chats de Bastet ».
Si l’agitation est trop importante ou s’il y a un risque pour Moshi, je peux le laisser à ma collègue avec son chien Reiko, j’ai dû le faire pour certains ayant trop peur des chats aussi, mais c’est rare !
Un enfant avec TDAH (= Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) sait qu’il a une séance pour se défouler et une séance avec Moshi, où ca sera plutôt relaxation et rester calme.
Ces règles sont-elles bien respectées ?
J’ai déjà dû demander à un parent de rester pour s’assurer de la sécurité pour l’enfant et pour Moshi mais c’est trèèès rare, ça arrive dans les cas avec TSA surtout.
Où est-ce possible de te consulter ?
À Genas, dans le 69. Vous pouvez prendre rendez-vous sur Doctolib.
Un mot de la fin ?
Je conseille fortement aux familles d’avoir un animal et à faire attention à ce que les enfants soient doux avec. Cela peut les aider à se responsabiliser, renforcer l’estime de soi et à apaiser, surtout avec un enfant ayant des difficultés ! J’entends beaucoup de témoignages de relation forte entre enfant et chat l’aidant à dormir seul, réussir à vaincre leur peur, s’apaiser lors de grosses tristesses…
Mon cœur de métier reste la psychomotricité. La présence de Moshi est un plus pour aider à suivre les objectifs psychomoteurs définis lors d’un bilan. Il n’est pas toujours présent ou disponible et on apprend à faire avec.
Héloïse QUER
Encore merci Héloïse pour ta participation, c’était passionnant de te lire !
Et vous, connaissiez-vous la médiation animale ? Saviez-vous qu’elle était possible avec un chat ? Dites-moi dans les commentaires
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